Elle est là. C’est un brouillard paralysant qui rend les mouvements si lents que je n’ai pas l’impression d’avancer, il n’y a pas d’écho. Aveugle.
C’est une bulle transparente aux parois qui s’éloignent quand je m’approche, j’y tourne en rond, je sais que j’en suis prisonnière.
Sortir. J’essaie quand même et ça m’épuise. Chaque pas coûte plus que le précédent, l’attraction de la peur… qui peut la mesurer ?
Je plie sous le poids. La peur m’habite, elle trouble mon jugement, tout est faussé. Distordu.
J’ai juste envie de disparaître, m’enfouir, me terrer au plus profond de moi, ne plus penser.
J’entends les voisins, j’ai peur qu’on vienne frapper à ma porte. Il faudra que j’ouvre. Répondre, sourire, sortir de moi, avec la peur épidermique.
Je vais au marché, je marche les yeux baissés, le pas pressé. Je m’arrête au premier étal et j’achète ce dont j’ai besoin en un minimum de mots, un minimum de temps. Un maximum de stress. Je rentre me calfeutrer chez moi : j’ai peur que le téléphone ne sonne. Je devrai répondre.
J’ai peur de descendre au jardin. Peur qu’on m’interpelle. Peur qu’on me demande…
Quoi ?
Je ne peux pas appeler à l’aide, téléphoner. Les mots vont débouler, en vrac. Ma peur va déborder, me submerger. Je ne suis que peur, je vais faire peur.
Aujourd’hui, je suis envahie par les pensées automatiques, elles tournent à toute allure, je n’ai pas le temps de les arrêter. Une fantastique tornade qui dévaste mon intérieur qui commençait à prendre forme. Je me sens démunie : comment faire pour l’arrêter ? comment faire pour ne plus me sentir agressée par l’extérieur ? Je sais bien qu’elles sont sans fondement, qu’aujourd’hui, elles m’habitent mais que demain elles seront parties. J’espère. Je sais. Courber l’échine, attendre que ça passe.
Après ? je me sentirai vidée…et révoltée d’avoir manqué de vigilance, de m’être laissée prendre au piège de ces griffes. Amère, dégoûtée, déçue de n’avoir pas eu le courage, la volonté, les capacités de mettre en place ce que j’ai appris, lutter pied à pied avec chaque pensée erronée, s’appuyer sur les faits, déjouer l’emprise, me faire confiance, me tourner vers l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur car la peur est là, tapie tout au fond de moi, hôte indésirable que j’héberge depuis toujours.
Demain ?
lundi 2 juillet 2007
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