Vivre avec la peur du regard des autres... Toujours.
Il y a différents types de phobie... l'anxiété sociale est un trouble du comportement qui passe parfois inaperçu aux yeux de l'entourage. Certains vivent avec sans savoir qu'ils en souffrent, d'autres finissent par ne plus sortir de chez eux...ou par avoir des attaques de panique. La peur des autres est générée par des cognitions, des pensées qui empêchent de se comporter de manière sereine lors de certaines situations sociales. Ce n'est pas incurable... Pour en savoir plus, consultez le site www.phobiesociale.org ...

mardi 1 mai 2007

Serpent boa, murène et autre bête...

Le serpent boa est de retour : il m’enserre, remonte par l’intérieur…je l’ignore, je feins, j’esquive…peine perdue, ces circonvolutions sont ici, là, et encore ici…il a réussi à s’infiltrer par toutes les pensées que je n’ai pas contrées.
Je lutte chaque instant contre moi-même, contre ces pensées qui me nuisent…non, je ne suis pas ignoble, oui, j’ai le droit d’être aimée, non, je n’ai fait de mal à personne, non, je ne blesse personne, j’ai le droit d’exister !!! j’ai le droit…mais j’ai peur.
La peur remonte, elle s’infiltre, elle s’insinue, commence à me paralyser l’esprit…j’ai honte devant chacun, je suis transparente, « ils » vont se rendre compte de mon imposture, « ils » vont me lapider. Perdre l’estime de l’autre. Perdre la présence de l’autre. Perdre. Je ne veux pas jouer.
Le retour de l’innommable chose qui m’a habitée toutes ses années. Toutes ses années à ne pas comprendre que le danger était à l’intérieur. J’ai peur des autres quand je devrais m’occuper de ma peur de moi.
Mais je ne sais pas m’occuper de moi : je ne sais que me détester d’être si peu à la hauteur de mes espérances, incapable de dire ce que je pense, incapable d’entreprendre - à quoi bon je ne sais pas aller au bout des choses. Incapable d’aimer bien tant j’ai peur de faire mal. Mal aux autres. Qui peut comprendre que les autres sont l’objet inaccessible de mon désir ??? comment donner ? comment recevoir ? comment dire ? comment ??????????????????
Alors j’existe au milieu des autres : maintenant je sais que le ballet incompréhensible des attitudes de tous n’est pas contre moi. Je ne suis pas le centre du monde, je ne suis pas l’objet de tous les regards. Je ne suis pas égoïste, ni égocentrique. J’ai peur, c’est tout.
J’ai peur de ne pas être à la hauteur de ce que je suppose… je suppose que les autres attendent de moi une présence sans faille, une compétence entière, la connaissance de toute chose, une écoute de chaque instant, un don plein et entier.
Je ne serai pas à la hauteur. Qui le pourrait ?
L’exigence que j’ai pour moi, j’imagine que les autres, tous les autres, l’exige aussi de moi. La moindre erreur est impardonnable, « ils » me la feront payer et je n’aurai qu’à m’en prendre à moi-même, et « ils » auront raison. Les autres sont compétents, moi non. Les autres savent ce qu’il faut faire ou dire en toute circonstance, moi non.
Les autres n’ont pas peur d’entreprendre, ne se posent pas mille questions, avant, pendant, après. Les autres n’ont pas honte au moindre mot soi-disant inapproprié. Les autres n’ont pas l’impression de ne pas être à leur place. Les autres n’ont pas les scrupules, les doutes, les inquiétudes constantes chevillées au corps, la crainte irraisonnée de déclencher une catastrophe, irrémédiable. Les autres savent aimer, savent donner et recevoir, savent se faire respecter, savent dire non, savent gérer leurs émotions. Les autres savent exister. Etre au monde.
Comment lutter contre soi ?
Avant, je m’enfonçais toute seule la tête sous l’eau…pour me faire payer. Mais payer quoi ? « Si je suis mal, c’est que je le mérite, c’est ma faute. »Maintenant, je sais qu’il faut que je me prenne par la main, que je me console, que je me gratifie. Je ne suis pas responsable de ce que je suis, personne ne l’est. C’est comme ça.
Mes pensées sont dysfonctionnelles. Je pense «de travers », j’interprète de manière erronée ce que je perçois. Je suis quelqu’un de bien, de sensible, d’attentionné. Ceux qui me côtoient ont envie de continuer. Je n’ai pas de honte à avoir. Ça arrive à tout le monde de dire des trucs bizarres, ou non. Chacun est capable de recul. Je ne dois pas surestimer les situations. Être spontanée, comme les autres. Personne n’attend quelque chose de particulier que je dois décrypter. Si quelqu’un veut me dire quelque chose, il est capable de le faire. Donner et recevoir, ça s’apprend. Je ne suis pas obligée de mener ma vie en fonction des autres et de leurs attentes ou désirs supposés. Si je suis bien, je saurai partager. Il n’y a pas de mal à se faire du bien. On ne peut donner que ce qu’on a reçu et cultivé. Il faut avancer petit à petit. Je peux avoir confiance en moi comme les autres l’ont également : si je peux pour les autres, je peux aussi pour moi. Me faire confiance… je ne suis pas seule.
La murène s’est retirée dans sa tanière…